sábado, 5 de marzo de 2016

Les couleurs. Malicorne




LA SYMBOLIQUE CHRÉTIENNE DES COULEURS

Le langage de la foi n’utilise pas seulement les mots mais aussi les images et les symboles. Jean-Bruno Renard a présenté dans la revue française Foi et Langage, dirigée par Alain Guillermou et hélas disparue depuis plus de quinze ans, une remarquable initiation au symbolisme des couleurs selon la tradition chrétienne : il s’agit des numéros 14 et 15 (2e et 3e trimestres 1980). La mise en œuvre d’une approche anthropologique des symboles permet d’en dégager la richesse sémantique. Nous sommes certains de rendre service à nos lecteurs en publiant, en deux fois, de larges extraits de cet article touchant une question rarement abordée dans la liturgie catholique de rite latin. Les couleurs sont des objets symboliques dont il est difficile de parler. C’est pourquoi la détermination de la couleur d’un objet est très subjective : une turquoise semblera verte à l’un et bleue à l’autre ; un morceau de corail paraîtra rouge à l’un et orangé à l’autre. C’est pourquoi aussi le vocabulaire des couleurs est spécifique de chaque langue et de chaque culture. Les difficultés de traduction des termes chromatiques d’une langue à une autre sont aussi grandes que pour les termes abstraits et philosophiques. Les concordances sont toujours approximatives : ainsi le mot latin “ caeruleus ” signifie en réalité un bleu plus foncé que ne le suggère pourtant la traduction littérale “ bleu ciel ”, tout simplement parce que le firmament italien est d’une teinte plus sombre que le ciel du nord ; ainsi encore le latin “ purpureus ” signifie-t-il selon le contexte “rouge ”, “ pourpre ” ou “ violet ”. Il arrive même parfois que des couleurs parmi les plus élémentaires n’aient pas leur équivalent : en langue bretonne par exemple – comme en langue aztèque d’ailleurs !– il n’y a qu’un seul mot pour désigner le vert et le bleu (“ glas”). En Afrique Occidentale, le jaune est considéré comme une variante du rouge et le bleu ainsi que le vert foncé comme des variantes du noir. La dimension éminemment culturelle de la terminologie des couleurs apparaît avec netteté dans le choix des couleurs de base, souvent tirées de l’observation de l’arc-en-ciel. Aristote distingue seulement quatre couleurs : le rouge, l’orangé-jaune, le vert et le violet. De même les Dogons du Mali : rouge, jaune, vert clair, noir. Les Chinois ont un système traditionnel à cinq couleurs : rouge, jaune, blanc, vert, noir. Sénèque observe également cinq couleurs : rouge, orangé-jaune, vert, bleu foncé et violet. Et l’on sait que notre système occidental actuel distingue sept couleurs dans le spectre de la lumière : rouge, orangé-jaune, vert, bleu, indigo et violet. Le petit nombre des couleurs de base, à partir desquelles les autres couleurs sont conçues comme des dérivées ou des variantes, assure une certaine universalité au lexique chromatique. De plus, la pensée symbolique, si elle diffère dans ses énoncés, variables selon les cultures, est universelle dans ses règles, ainsi que l’ont montré Claude Lévi-Strauss et Gilbert Durand. Allons plus loin. On retrouve souvent dans toutes les cultures les mêmes analogies fondamentales empruntées à l’environnement naturel : le bleu, le ciel et le divin; le rouge, le sang et la vie; le noir, la mort et l’angoisse. Tout ceci fait qu’on peut parler à propos des couleurs d’une symbolique universelle de base. Une fois posés ces quelques principes introductifs, nous tenterons ici une présentation des sept couleurs principales de la symbolique chrétienne : le blanc, le doré, le rouge, le bleu, le vert, le violet et le noir. C’est au XIIe siècle que le sens de ces symboles s’est stabilisé et codifié, dans la liturgie principalement, à partir de diverses traditions : juives, gréco-romaines et même arabes. À la même époque d’ailleurs, l’héraldique fixait également ses règles. L’art chrétien fit un usage fréquent de la couleur non seulement pour les miniatures puis les peintures, mais encore pour les sculptures romanes ou gothiques qui, rappelons-le, étaient à l’origine peintes de couleurs vives.

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